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Eoz's Game
21 juillet 2016

Ils m'ont dit tu n'es qu'un primate - Partie 2

Partie 2

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Mai 2232

    D'abord vient l'amour et le bonheur, l'inquiétude et la peur. Puis l'espoir et le désespoir. Enfin, arriva la mort et la torture. Mental, physique. Insultes, sang. Des années et des années, sans jamais se stopper.

   Nia s'éveilla brusquement. Les yeux écarquillés par la peur, ses mains agrippèrent le tissu fin de sa couverture, sur laquelle elle avait dormi en raison de la chaleur. Elle se sentait couverte de sueur et tremblait. Elle ferma les yeux, les rouvrit, inspira, expira, tritura son large t-shirt violet puis ramena ses jambes contre son corps secoué de spasmes de terreur.

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   Cela faisait des années que ce songe la hantait, profitant de chacun de ses moments de faiblesse pour prendre le dessus et la terrifier. Il la rongeait, l'obligeant à se souvenir de chaque détail, de chaque mot. Les Humains ne pouvaient pas comprendre ses tourments. Lorsque Mme McAday la réprimandait sur son air fatigué et lui intimait de répondre, elle ne croyait pas Nia et coupait court à la conversation d'un simple « Les souvenirs ne s'enregistrent que vers les trois ans, après que la parole soit une donnée acquise ! De plus, vous ne parlez pas avant l'âge de cinq ans. » La faute à qui ?  se serait alors demandé Nia si elle avait encore été capable de penser par elle-même. Si les enfants Yloos ne parlaient que bien plus tard, c'était la faute des Humains qui les enlevaient dès leur naissance pour leur apprendre « l'art domestique ». Autrement dit, ils les battaient jusqu'à ce qu'ils soient incapables de se révolter. Nia avait essuyé tant de coups, tant de souffrances en moins de cinq ans qu'aujourd'hui, plus rien ne pouvait la pousser à se manifester. Elle était un véritable robot de chair. 

   A cette horreur, Nia y avait échappé les quatorze premiers mois de sa vie. Elle était née dans un camp d'Yloos en fuite et y avait grandis en compagnie de ses parents. Mais un jour, la Milice de l'Ordre les avait retrouvés et avaient tués ses parents la nuit suivante. Elle ne parlait pas du tout à l'époque. En effet, le cerveau des Yloos était doté d'une faculté mémorielle particulièrement remarquable ; en revanche, l'apprentissage de la langue était plus ou moins difficile en fonction des individus. Généralement, l'enfant commençait à dire des mots qu'il avait déjà mémorisés vers les trois ans. Mais depuis la révolte de 2189, la dernière véritable révolution des Yloos, les enfants étaient arrachés à leurs parents et envoyés dans un centre.

   Là-bas, la véritable mission des instructeurs semblait être de réduire à l'état de moins que rien les enfants qui leur étaient confiés. Ils les battaient, les affamaient et les réduisaient au silence. En cas de bêtise, allant d'un mot dis sans une autorisation préalable à la tentative d'évasion, le jeune Yloo était enfermé dans une pièce à peine plus large qu'un placard où il restait pour une période plus ou moins longue sans lumière et sans nourriture, ou presque. Jamais on ne les appelait par leur prénom, si bien que si Nia ne s'était pas servie de ses souvenirs, elle aurait été persuadée de porter réellement les noms de « primate », de « créature bleue » ou d'« 093F » qui lui furent donné jusqu'à son achat.

   De même, elle n'avait jamais su ni son âge, ni sa date de naissance avant ses dix ans, car le jour de leur dixième anniversaire, les jeunes Yloos devenaient ce qu'ils appelaient les « Yloons », l'équivalent des « adolescents » humains, et muaient. Ce n'était pas douloureux, sans pour autant être agréable. Quand les Yloos étaient encore libres, ce moment de leur vie était attendu avec dégoût. Aujourd'hui, seul cet événement leur donnait une identité propre puisqu'il leur permettait de connaitre leur date de naissance.

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   Nia finit par se lever. Elle se dirigea vers sa douche, intégrée dans sa minuscule chambre et l'activa. Aussitôt, un jet de brume l'entoura, s'attardant sur son corps tout en évitant ses cheveux qu'elle ramena d'un geste sur son épaule. Elle songea alors de nouveau au centre et à un de ses camarades, un jeune à la peau verte qui devait approcher des 11 ans, soit l'âge où l'on commençait à travailler, et qui, un midi lors du déjeuner, avait renversé son plateau et jeté un verre sur un des instructeurs. Il avait été aussitôt maîtrise mais il s'était défendu de façon plutôt redoutable pour un jeune, et avait craché au visage de plusieurs Humains. Le garçon avait été emmené et lorsqu'il était revenu, le mois suivant, il ne parlait plus, n'exprimait plus aucune émotion et mangeait à peine. De plus, les instructeurs l'avaient humilié publiquement devant tous les pensionnaires du centre en le battant en l'insultant. Encore aujourd'hui, Nia sentait la peur et la pitié lui nouer les entrailles en songeant au sang qui jaillissait de ses membres sans que le garçon ne pousse un hurlement.

   Soudain, une sonnette retentit dans sa chambre. La jeune fille se sécha et s'habilla rapidement, vérifia rapidement si son uniforme était correctement mis et fila à travers le manoir tout en nattant ses cheveux. Arrivée devant la porte de la chambre de Mme McAdey, elle frappa délicatement et attendit que sa maîtresse l'invite à entrer. Puis elle ouvrit la porte.

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   Emmelia McAday était le genre de femme qui restait belle, même dans la force de l'âge. Son visage couleur miel gardait une certaine fraîcheur naturelle ce qui la rendait particulièrement populaire auprès du reste de la communauté de Tunaway. Femme du maire, riche, belle, élégante, mère de deux enfants, la vie lui avait offert plus qu'elle ne pouvait en espérer et cela suffisait à combler son bonheur. Elle n'était pas particulièrement méchante, elle avait juste été élevée de façon à ce qu'elle considère les Yloos simplement comme des esclaves et non pas comme des êtes intelligents, et à son tour, elle s'était chargée d'apprendre ces mêmes valeurs dites « normales » à son fils puis à sa fille.

   Nia ouvrit les volets avant de s'incliner face à sa maîtresse qui s'étira en baillant. Sa chemise de nuit bleu pâle suivit délicatement le mouvement.

- "Bonjour, maîtresse. Avez-vous passé une nuit agréable ?

- Oui, fort bien merci."

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  Mme McAdey se leva et se dirigea vers la salle de bain adjacente. Elle revint quelques minutes plus tard et s'assit devant sa coiffeuse en bois de style ancien qui détonait avec le reste des meubles de la pièce. Nia se mit aussitôt à coiffer avec délicatesse sa chevelure soyeuse, craignant de tirer trop fort. C'est à cet instant que McAday pénétra à son tour dans la chambre, ses cheveux poivre et sel impeccablement coiffés. La jeune Yloo s'inclina aussitôt face à lui.

- "Bonjour, maître.

- Emmelia, la Milice vient de m'appeler," déclara McAday, ignorant Nia. "Ils ont retrouvé un groupe de primates qui essayait de fuir par la montagne.

- Et ? Continue Nia.

- Oui, maîtresse.

- Ils ont été maîtrisés, bien entendue. Deux provenait de la même famille, les Glenson il me semble. Je leur ai envoyés un mail pour leur demander s'ils souhaitaient les garder. Parmi les survivants, la Milice en a découvert trois recherchés pour avoir insulté ou frappé leurs maîtres avant de fuguer. Ils vont être jugés pour savoir s'ils méritent la peine de mort ou non.

- Je ne pense pas que la peine de mort soit une bonne idée. La prison à vie serait plus convenable."

   McAday garda le silence quelques secondes, se grattant le menton, signe qu'il réfléchissait. Le maire avait l'habitude de prendre conseil auprès de sa femme, bien que cette dernière se range souvent de son avis sans réellement argumenter. Il finit par reprendre.

- "Tu n'as pas tort. Ainsi, ces primates sauront que malgré leurs stupides erreurs, nous savons nous montrer cléments envers eux."

   Et il sortit en trombe, visiblement pressé. Mme McAday soupira avant d'adresser un pauvre sourire au reflet de Nia.

- "Insulter ses maîtres... Dieu merci, tu es domptée."

○•○•○•○

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     Nia terminait d'assaisonner un plat de gaufres, seule dans la cuisine. Mara, la vielle Yloo au service de la famille McAday depuis plusieurs dizaines d'années, venait de quitter la pièce pour aller étendre le linge, laissant à Nia le soin de terminer le petit déjeuner.

   La jeune Yloo entra alors dans la salle à manger avec le plateau de gaufre, quelques minutes plus tard, souriante. Sourire était une des premières choses qui était apprise aux jeunes Yloos au centre. Sourire, même quand l'on souffre. Sourire, sourire, sourire.

   Mme McAday venait tout juste d'éteindre le logiciel de communication vidéo en ligne grâce auquel elle pouvait bavarder avec Fleur, sa fille cadette. L'adolescente n'étant pas en vacances, elle était toujours dans son pensionnat, et avait parlé à sa mère de ses projets concernant les mois suivants, quand elle serait de retour chez elle, et de la rentrée suivante. De l'autre côté de la table, Alexandre lisait, passant à plusieurs reprises sa main dans ses cheveux châtains. Lorsqu'elle le servit, il releva la tête et lui sourit, ignorant le froncement de sourcils de sa mère.

   Alexandre avait deux mois de moins que Nia et semblait être en conflit perpétuel avec ses parents, surtout son père. Son existence semblait se résumer à agir de la façon inverse de ses parents. Par exemple, il achetait ses vêtements d'occasion, dans des boutiques vendant des habits datant de l'arrivée des colons. Par conséquent, ils étaient souvent troués, déchirés ou sales, car fragiles. Alexandre était aussi un jeune homme très, parfois trop, sûr de lui mais qui parlait peu lorsqu'il était chez lui. Il ne sortait quasiment jamais de sa chambre, sinon pour disparaître de très longues heures au dehors.

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- "Dis-moi Alexandre," hasarda Mme McAdey tout en jouant avec une des mèches s'échappant de sa coiffure. "As-tu prévu de commencer à faire tes recherches concernant l'université ?

- Non. Je n'ai pas envie d'aller à Kimura étudier des trucs barbants.

- Mais enfin, tu ne peux pas...

- Si je te dis que j'ai d'autres projets, tu me laisseras tranquille ?" la coupa-t-il, irrité et peu désireux d'avoir ce genre de conversation dès le matin.

- "Des projets ? Ça dépend. Quel type de projet ?

- Genre politique."

   Le visage de Mme McAday s'illumina.

- "Mais c'est formidable Alexandre ! Tu pourras demander à ton père de...

- Ouais je le ferais", soupira le jeune homme.

- "Alexandre, tu...

- Nia, j'ai fini. Tu peux débarrasser s'il te plaît", continua-t-il en se levant. "A ce soir.

- Alexandre ! Attends !"

   Mais il était déjà parti. Mme McAday poussa une longue plainte avant de faire signe à Nia de prendre aussi ses restes. La jeune fille s'exécuta rapidement. Les disputes de ce genre étaient monnaie courante chez ses maîtres et à chaque fois, elle tachait de se rendre la plus invisible possible, n'ayant pas le droit de quitter la pièce sans l'accord d'un de ses maîtres. Mais dans les tréfonds de son âme brisé, une petite voix s'émerveillait face au courage d'Alexandre.

  ○•○•○•○  

 

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   Une éponge remplit d'eau savonneuse à la main, Nia nettoyait soigneusement les vitres du salon, écoutant distraitement les voix provenant de la télévision. Mme McAday semblait passionnée par le débat qui se déroulait sur l'écran holographique en face d'elle. Elle devait sortir le soir-même avec son époux et attendait donc patiemment que Mara termine de repasser sa robe de soirée.

- "... Je n'irais pas jusqu'à dire que les Yloos doivent avoir les mêmes droits de nous, ce serait comme donner des droits à des grands singes, mais je pense qu'un plan de remise en liberté serait une bonne idée.

- Voyons, c'est complètement absurde ! Ces primates sont incapables de s'occuper d'eux-mêmes ! Sans nous, cela ferait des années qu'ils auraient disparus. Travailler pour nous les occupe et ainsi, peut-être que dans plusieurs générations, l'espèce évoluera pour nous ressembler."

   Nia tressaillit et ne put s'empêcher de jeter un bref coup d'œil à l'écran. Deux hommes politiques quelconques débâtaient du projet de loi autorisant les Yloos à avoir leur propre domicile. Nul doute que cet idée bien trop moderne serait vite abandonnée, d'autant plus que pour l'instant, il était clair que c'était le second politicien qui menait l'émission.

- "Dans ce cas, comment expliquez-vous qu'ils aient réussit à survivre jusqu'à notre arrivée sur Kimuranne ?"

   L'homme éclata de rire avant de répondre.

- "Etes-vous naïf au point de croire que les Yloos descendent d'un animal qui, comme nos lointains ancêtre, à évoluer pendant des millions d'années ? Non, évidement. Vous n'avez qu'à regarder un de leur cousin : le Koït. Les Yloos et lui se ressemblent bien trop pour avoir des millions d'années de différence. Il est évident que les Yloos viennent juste de « descendre de l'arbre ». Et cela, c'est grâce à nous."

   Il y eu quelques applaudissements dans le public et Mme McAday hocha la tête.

- "Vous n'avez pas répondu à ma question, monsieur.

Ils se sont débrouillés à l'aide de moyens primaires. Ces créatures n'auront d'ailleurs aucuns points de repères, étant donné que nous avons totalement modifié Kimuranne pour ressembler à notre chère Terre. Alors..."

   Soudain, le téléphone sonna. Nia se détacha de la vitre et décrocha le combiné. C'était la ligne interne, aussi, elle ne fut pas étonnée d'entendre la voix de McAday.

- "Viens dans mon bureau", dit-il simplement.

- "Oui, maître."

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  Elle monta rapidement à l'étage à l'aide du transporteur, un peu inquiète, et frappa à la porte du bureau. McAday lui ordonna d'entrer aussitôt. Il consultait ses mails d'un air plus sérieux qu'à l'ordinaire et une fois encore, ne prit même pas la peine de la regarder.

- "Au moins, tu n'as pas la lenteur accablante de la vielle primate. Je n'ai pas beaucoup de temps donc je vais être rapide, tu as intérêt à comprendre à la même vitesse. Aujourd'hui, un de mes plus proches amis fête son anniversaire, et je voudrais lui faire un cadeau digne de... disons, de ses passe-temps. Et pour cela, je vais avoir besoin de ton aide."

   La jeune Yloo sentit son cœur accélérer, comme pour la prévenir d'un danger imminent.

- "C'est un honneur de vous aider, maître.

- J'espère bien. Quand il m'a parlé de ses... passe-temps, j'avoue avoir été un peu surpris et ne pas les avoir compris. Enfin, ne dit-on pas que chacun est comme il est ?

- Si, maître.

- Cette question ne t'était pas adressée," la coupa McAday sèchement. "Tu aurais dû te taire.

- Pardonnez-moi, maître. J-Je suis désolée..." s'excusa-t-elle, le teint soudain plus blême.

- "Tu as de la chance que je sois trop occupé pour te corriger. Bref, vois-tu, cet ami est dans une période de froid avec sa femme. Aussi, il... Comment dire ? Il n'est pas... satisfait comme il devrait l'être. C'est pourquoi, je lui ai proposé de l'aider. Enfin, que tu l'aide à résoudre ce problème. Tu es comprend ?"

 

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   Trop tard. Elle ne pouvait plus rien faire. Mais de toute façon, n'était-il pas trop tard depuis dix-huit ans ? Depuis cette fameuse nuit ?

- "Oui, maître."

   Elle dit cela faiblement, presque dans un souffle, et si McAday entendit la terreur qui suintait de ces simples mots, il n'en montra rien.

- "Formidable. Comme tu le sais, je sors ce soir avec ma femme, mais mon ami passera quand même. Je veux qu'à 8 heures, tu sois dans la chambre d'ami, prête. D'accord ?"

Non !

- "Oui, maître..."

Je ne veux pas !

- "Bien. Tu peux disposer."

Non !

- "Merci, maître."

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    Elle ne sentait plus ses jambes, et sitôt sortie du bureau elle s'écroula, retenue de justesse par le mur. Elle se mit à trembler et passa une main sur son visage où s'affichait une moue de dégoût. Tout s'était passé si vite... Elle aurait dû dire non. Elle aurait dû... Elle n'avait pas le choix... Ou si, elle l'avait eu mais elle n'avait plus depuis longtemps le courage ou la force de se révolter.

   Les larmes se mirent à dévaler ses joues. Elle ne pouvait pas... Néanmoins, elle s'y attendait depuis quelques années. Nombreux étaient les Yloos qui servaient de jouets aux Hommes, du moment qu'ils étaient relativement jeunes et au physique agréable pour un non-humain. Mais heureusement, tous les maîtres ne pensaient pas de cette façon. Devait-elle demander de l'aide à Mme McAday ? Oui, sans doute, mais si jamais elle en parlait à son époux... Nia sentait presque les coups pleuvoir sur elle en songeant à la punition qui l'attendait.

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   La jeune fille respira un grand coup pour retrouver ses esprits, essuya ses larmes et se releva pour rejoindre Mme McAday. Cette dernière n'avait pas bougé, toujours en train d'écouter les deux hommes se disputer. Cependant, elle portait désormais sa tenue de sortie, une longue robe en satin rouge sang. Nia hésita, ouvrit la bouche avant de la refermer.

- "M-Maîtresse... ?"

   Mme McAday la regarda, fort surprise de l'entendre s'adresser directement à elle.

- "Oui ?

- Je... C'est au sujet de...

- Ma chère, tu es particulièrement en beauté ce soir."

    Nia sentit son sang se glacer. Elle se retourna aussitôt pour s'incliner devant McAday qui, par bonheur, ne se doutait de rien.

- "Merci", sourit Mme McAday. "Donc, Nia ?

- C'est... C'est au sujet de... de demain matin, maîtresse. V-Vous désirez quelque chose de... de particulier, maîtresse ?

- Non, le déjeuner sera servi à la même heure.

- Bien, maîtresse.

- Au fait, si toi ou Mara entendez du bruit dans le hall, ce sera Alexandre..." ajouta Mme McAday. "En admettant qu'il rentre.

- Ne nous mettons pas en retard Emmelia. Le maître d'hôtel nous attend pour 19h30.

- Bonne soirée, maîtres."

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   Elle s'inclina de nouveau tandis que le couple sortit du manoir. En regardant la porte se fermer, Nia fut prise de violentes nausées et d'une irrésistible envie de fuir. Mais pour aller où ? Elle serait rattrapée sitôt les frontières de la ville passées, puis tuée ou enfermée à vie dans une prison réservée aux Yloos, ce qui était sans doute mille fois pire. Elle envisageait de demander de l'aide à Mara mais la vielle Yloo devait sans doute déjà dormir, épuisée par le travail et la maladie.

Comme une automate, elle se dirigea vers la chambre d'amis. Les rideaux avaient été fermés et sur le lit l'attendait une tenue des plus légères. Elle ravala péniblement sa honte et l'enfila avant de relâcher ses cheveux afin de dissimuler son dos. Puis, elle s'approcha de la glace présente dans la pièce.

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   Elle croisa alors le regard de son reflet, une Yloo à la peau bleue, le visage rond déformé par la honte, le regard douloureux, les bras croisés sous sa maigre poitrine a peine cachée par la bien trop courte nuisette bleu foncé qu'elle était obligée de porter, dans un geste inutile de protection. Elle sut à cet instant que jamais elle ne pourrait trouver le courage d'affronter ces tortionnaires et elle se mit à se haïr. Elle se haït pour son incapacité à se révolter, à protester, elle se haït pour son comportement soumis, elle se haït pour sa peur. 

   Elle craignait la douleur plus que tout au monde, et l'idée simple de se blesser la hantait. Le moindre bleue, la plus fine coupure lui arrachait cauchemars et réveillait ses plus douloureux souvenirs. C'est à cet instant qu'elle entendit la porte de la chambre s'ouvrir.

   Ses jambes pouvant à peine supporter son poids, elle se retourna face à un homme d'environ quarante ans, qui avait toutefois encore belle allure. Il la souda immédiatement de ses yeux de glace, le visage impassible. Elle inclina aussitôt la tête, bien qu'elle chancelait.

- "Bonsoir. Nia, je suppose ?

- Oui, monsieur."

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   L'homme s'approcha d'elle et lui souleva le menton afin de mieux contempler son visage. Il la força à se mettre de profil, puis de nouveau de face, la jaugeant comme un vulgaire morceau de viande. Il finit par la lâcher, sans pour autant s'éloigner.

- "Tu es plutôt jolie pour une Yloo. Ton maître n'a pas si mauvais goût finalement, sourit-il.

- M-Merci, monsieur...

- Tu vois, ce que j'aime chez vous, c'est que vous êtes très obéissants, surtout les jeunes depuis qu'on les envois dans des centres d'éducations. Enfin, là n'est pas le sujet, nous avons mieux à faire. Avance-toi vers le lit."

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   Nia s'exécuta d'un pas fébrile et sentit l'instant suivant sa présence derrière elle. Il attrapa la main tremblante de Nia et laissa vagabonder sa propre main sur le corps de la jeune Yloo. Il fit courir ses doigts le long de ses rares courbes, s'attardant sur ses hanches et le haut de cuisses puis reporta son attention au niveau vers sa gorge.

- "Je te sens stressée. Calme-toi."

Je ne peux pas !

- "Oui, monsieur."

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   Elle redressa sa tête et ravala ses larmes. Trop tard, trop tard, trop tard pour toi. L'homme déposa un baiser dans son cou, avant de remonter progressivement vers sa bouche, les lèvres collées sur sa peau bleue. Par réflexe, Nia tenta de se dégager mais il la plaqua contre le mur. Ses yeux bleus la dévisagèrent froidement.

- "Allons, ton maître m'a dit que ne me poserais aucun problème. Tu ne voudrais pas que je lui dise que tu as finalement refusé pour qu'il te corrige ?"

Lâchez-moi, je vous en supplie! Laissez-moi partir!

- "P-Pardonnez-moi, monsieur.

- Tais-toi et reste tranquille," lui ordonna-t-il.

S'il vous plaît... 

   Il'embrassa au coin de la lèvre tout en descendant de nouveau sa main le long du corps de la jeune Yloo tandis que l'autre s'agrippait à ses cheveux bleus, et...

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- "Je vous donne cinq secondes pour vous éloigner d'elle."

   L'homme s'écarta brusquement et fit face au jeune homme qui les regardait, adossé négligemment contre la porte. Une plaie nouvelle était apparue sur sa joue et son visage présentait un air glacial.

- "Comment osez-vous entrez ici ! Je...

- Je suis chez moi, et j'ai tous les droits," lâcha Alexandre. "Vous en revanche, vous feriez mieux de dégager et de laisser mademoiselle tranquille.

- Mademoiselle ? Serais-tu mal voyant ?" s'étonna l'ami de McAday, le tutoyant en le reconnaissant. "Ce n'est qu'un primate !"

   Le regard d'Alexandre perdit le peu de chaleur qu'on pouvait y trouver.

- "Sortez d'ici.

- Ecoute-moi bien, Alexandre. Tu es bien le fils d'Anto ? C'est ton père qui m'a fait ce cadeau, et sache qu'elle a eu le choix. Visiblement, tu n'étais pas encore au courant, mais ces créatures acceptent ce genre de chose. Il faut croire que c'est dans leur nature. Donc si tu veux bien m'excuser..."

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   Il se détourna pour reporter son attention sur Nia, et ne vit donc pas arriver Alexandre. Ce dernier lui asséna un direct dans le visage. L'homme poussa un cri de douleur et se prit le nez dans les mains.

- "Bordel, petit con !" jura-t-il. "Si tu crois que tu...

- Dégagez. Je me répéterai pas."

« Arrêtez ! » aurait dû supplier Nia. Oui, elle aurait dû les arrêter, aider le blessé ; mais ces images de violence ouvrirent la porte de ses souvenirs du centre et elle ne put que reculer et se figer, la plus invisible possible.

- "Ecoute mon gars, je viens de te dire que je suis ici en totale légalité. En plus, t'as beau être chez toi, ça ne te donne pas le droit de me tabasser, vu que c'est ton père qui m'a autorisé à rester. Et tu n'as pas à défendre cet animal. Ce n'est pas une humaine ! Ils savent à peine parler, sont débiles, ont..."

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   Il ne réussit pas à éviter l'uppercut d'Alexandre qui lui coupa le souffle. Il tenta de reculer mais il heurta le pied de Nia qui tentait vainement de se faire oublier, horrifiée. L'homme tomba mais cela n'incita pas Alexandre à s'arrêter. Il l'attrapa par le col de son haut et s'apprêtait à le frapper de nouveau lorsque la jeune Yloo lui retint le bras, se surprenant elle-même.

- "Jeune maître, arrêtez, s'il vous plaît !" l'implora-t-elle tant terrifiée par lui que par le viol auquel elle avait échappé et à ses souvenirs qu'elle retenait du mieux qu'elle pouvait.

   Alexandre la regarda d'un air désolé et se leva, non sans lancer à l'ami de son père une grimace méprisante.

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- "Maintenant, sortez de cette maison."

   L'homme se leva difficilement. Il saignait du nez et ses yeux brillaient d'une fureur non-dissimulée.

- "Crois-moi, petit con, je vais appeler ton père et tu vas sérieusement regretter de t'en être pris à moi. Et toi, sale primate, je vais faire en sorte que ton maître t'envoie devant le tribunal pour avoir osé désobéir. Tu..."

   Il s'apprêter à continuer mais en voyant la rage d'Alexandre qui fit mine de faire un pas vers lui, il sortit précipitamment de la chambre d'ami.

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   Nia avait la tête qui lui tournait. Tribunal. Tribunal. Jugement. Prison. Torture. Enfer. De nouveau. Elle avait du mal à rester debout tant la peur l'accaparait. Alexandre le remarqua rapidement et lui prit délicatement la main.

- "Tout va bien, ne t'inquiète pas. Je te jure que rien ne te sera fait."

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   Elle se força à inspirer et à expirer. Le sol finit par se stabiliser et elle se rendit alors compte qu'elle touchait son jeune maître. Elle s'écarta en bleuissant non seulement à cause de ce contact mais aussi car elle avait lu dans le regard d'Alexandre une sincère inquiétude.

- "Excuse-moi, dit-il. Tu... Tu vas bien ?

- Oui, jeune maître. Merci de... De m'avoir aidée."

 

   Il lui sourit et lui tendit son uniforme.

- "Tu peux te changer," reprit-il en détournant le regard. "Je vais te laisser."

   Nia attrapa ses vêtements en le remerciant. Elle enfila rapidement sa robe bleue de domestique et s'apprêtait à natter ses cheveux lorsque quelque chose attire son attention du coin de l'œil. Elle releva prudemment les yeux et poussa un hurlement horrifié.

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   Une femme relativement âgée s'avança vers elle dans son tailleur gris. Ses traits sévères, ses yeux froids et son expression à lafois neutre et menaçante lui étaient tant familière qu'elle perdit l'équilibre et heurta le mur. Elle ne pouvait pas être là. Elle ne pouvait pas. Pourtant, c'était bien sa voix traînante qui résonna dans les oreilles de la jeune Yloo.

- "Sale créature. Comment oses-tu contredire les ordres de ton maître ? Je croyais pourtant que tu avais appris la leçon..."

   Elle sortit de sa poche un bâton d'où sortit un long fil fait d'électricité. La femme se rapprocha encore, terrifiante, obligeant Nia à se recroqueville encore plus. Elle tenta vainement de se persuader que ce n'était qu'une illusion, un cauchemar. Elle ne pouvait pas être là. Pourtant, lorsque le fouet s'abattit sur elle, Nia en sentit la morsure, elle en sentit la brûlure. Elle poussa un nouvel hurlement d'horreur et de douleur tandis qu'Alexandre entra vivement dans la chambre d'ami. Aussitôt, la vision s'évanouit, laissant Nia épouvantée. Même lorsqu'Alexandre se pencha vers elle, ses yeux restèrent rivés là où la femme de disparaître.

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- "Nia ? Nia, il s'est passé quoi ?"

   Les lèvres serrées jusqu'à en blanchir, elle ne répondit pas. Elle était apparue. Elle qui pourtant s'était jusqu'à lors contenté de hanter ses rêves, elle lui était apparue. Nia se mit à trembler sans pouvoir répondre à Alexandre, et son esprit retourna des années auparavant, quand elle n'était qu'une petite file, perdue dans un centre. Elle n'eut donc aucune réaction lorsque le jeune homme la souleva pour la conduire dans sa chambre où il la força à s'asseoir sur un des fauteuils. Il se plaça alors face à elle et lui prit les mains délicatement.

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- "Tout va bien, Nia. Tu es en sécurité. Tout va bien."

   Petit à petit, son esprit calmé revint sur terre. Elle battit des paupières et vit alors le visage d'Alexandre tout proche d'elle. Pire, elle sentit ses mains dans les siennes. Gênée, elle les ôta et détourna le regard. Alexandre sourit.

- "Ne t'inquiète pas, je ne vais rien te faire. Maintenant, s'il te plaît, peux-tu me dire ce qui t'a fait peur tout à l'heure, dans la chambre ? Tu n'es pas obligée."

Si, je suis obligée, jeune maître.

- "U-Un cauchemar, jeune maître. Veuillez m'excusez de vous avoir...

- Deux choses, s'il te plaît. D'abord, je déteste que tu m'appelle « jeune maître ». Tu n'as pas de maître, ok ? Du moins, tu n'es pas censée en avoir... Bref, appelle-moi par mon nom, Nia. Ensuite, j'ai le même âge que toi, donc tu peux me tutoyer.

- Vous... Tutoyer ?"

   Malgré son profond respect envers lui, Nia afficha un air stupéfait. L'appeler par son prénom, passe encore, mais tutoyer un humain, était passible d'emprisonnement.

- "Je... Je suis désolée, je ne peux pas..."

Alexandre hocha la tête, un peu déçu toutefois.

- "Je comprends," larassura-t-il. "Tu veux bien attendre cinq secondes, s'il te plaît ? Je dois désinfecter ça. (Il désigna sa blessure au visage) En attendant, fais comme chez toi."

   Il se leva alors pour aller dans sa salle de bain, laissant une Nia abasourdie. « Fais comme chez toi ». Mais comment faire lorsqu'on n'a jamais eu de « chez soi » ?

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  Alors elle resta immobile, assise sur ce fauteuil venu d'un autre âge, tournant juste les yeux pour observer la chambre. C'était la première fois qu'elle y pénétrait. En effet, Alexandre refusait que quiconque autre que lui y entre, et bien sûr, y fasse le ménage. Aussi, la pièce était décorée selon ses goûts et jamais ses parents n'avaient pu ni le financer ni donner leur avis ce qui expliquait que les meubles provenaient en grandes partie de vielles brocantes où le jeune homme les avait achetés à très bas prix avant de les réparer, hormis le lit et les tables de chevets.

   Nia fut aussi ébahie par le nombre incroyable de posters présent sur les murs. Bien qu'elle n'en comprît que très rarement le sens, tous lui plaisaient, de par leurs couleurs ou leurs dessins. Par exemple, deux lui faisait face. L'un représentait une femme allongée tenant une cigarette. Sur le côté figurait une longue liste de nom qui ne disaient rien à Nia qui pourtant l'identifia aussitôt comme une affiche de film. A côté de l'affiche se trouvait un poster encadré pourpre et doré avec deux phrases et une tête de loup. Intriguée, elle finit par oser tourner la tête pour voir les affiches qui se trouvait sur le mur à sa gauche. Là encore, des posters qu'elle ne reconnut pas, deux affiches de film très belles et deux dessins dont un encadré. Sur le premier figurait une femme vêtue d'une peau de loup avec une inscription en anglais ancien « méchant loup ». Sur celui encadré se trouvait un homme de dos avec des écailles. Il était très coloré et fourmillait de tant de détails qu'elle ne put tous les identifier.

   Elle remarqua alors le bureau qui se trouvait derrière elle, bureau lui aussi visiblement fourni par ses maîtres, sur lequel était posé un carnet à croquis. Alexandre dessinait ? Était-il l'auteur de certains de ces posters ? Sans doute. Nia réprima l'envie de se lever pour aller observer tout cela de plus près. Fort heureusement, Alexandre, sa blessure à peine soignée, choisit cet instant pour réapparaître.

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   Il s'assit sur l'autre fauteuil en entama aussitôt, ignorant le trouble de Nia.

- "Je suis désolé que mon père t'ai ordonner de coucher avec ce salaud... Je me doute que tu n'as pas eu le choix vu qu'on vous... désapprend à dire « non », à refuser, dans les centres où vous êtes envoyés. On peut dire ça comme ça, oui. Avec mes amis, on a essayé d'y entrer mais ils nous ont toujours surpris... C'était pas par attrait ou indiscrétion qu'on a tenté, au contraire, mais..."

   Il hésitait à lui en parler. Et si elle n'acceptait pas ? Il fallait mieux qu'il s'y prenne autrement.

- "Tu es fatiguée ?

- Non, jeu... Alexandre," souffla Nia, intimidée mais aussi curieuse.

- "Dans ce cas, ça te dit de jouer à un jeu ? Chacun à notre tour, on pose une question, mais on n'est pas obligé d'y répondre. Tu es ok ?

- Euh... Oui, Alexandre.

- Tu veux commencer ?

- Comme vous voulez, Alexandre..."

   Une question. Elle devait trouver une question simple. C'était une première, jamais elle n'avait eu l'autorisation de questionner quiconque , mis à part au sujet du travail. Elle fouilla la pièce du regard, recherchant un sujet relativement discret et ses yeux finirent par s'attarder sur les posters au mur.

- "Q-Que représentent tous ces posters ?

- Ça dépend. Je les trouve tous dans des brocantes ou je les peins moi-même, en m'inspirant de films, séries, livres que j'apprécie. Par exemple, celui-ci (il désigna celui sur le mur derrière elle ou l'on voyait un homme tenant un pistolet, une femme et dont le titre était « Blade Runner ») c'est un très vieux film qui même pour l'époque d'où il provient, à de très bons effets spéciaux. C'est un de mes films préféré. Celui-ci (il montra le dessin de la femme à la peau de loup) est un de miens. C'est une des héroïnes d'une série relativement ancienne que j'adore aussi. Nia, c'est ton vrai nom ou celui que les gens du centre t'ont donné ?"

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   Elle hésita et se mit à tordre ses longs doigts, le regard fuyant. Elle devait répondre, le fils de ses maîtres lui avait posé une question directe. Mais elle n'avait pas le droit de dire la vérité à ce sujet. Que faire alors ?

- "Il... Il ne s'agit pas... pas de mon... vrai nom, Alexandre," bafouilla-t-elle.

- "Tu n'es pas obligée de finir toute tes phrases par mon prénom, tu sais," s'amusa-t-il.

   Nia bleuit une nouvelle fois tandis que le regard du jeune homme se fit plus sombre. Elle sentait qu'il mourait d'envie de lui demander, mais il lui semblait qu'il n'en ferait rien...

- "A toi," reprit-il, soudain plus souriant.

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- "Pardonnez-moi. Euh... Vous dessinez ?

- Oui, depuis pas mal d'année en fait. Si ça existait encore, j'écrirais des comics, une sorte de bande dessinée. J'ai d'ailleurs de la chance car j'en trouve pas mal. Les deux premières étagères de ma bibliothèque en sont composées, conclut-il fièrement. Est-ce que tu te souviens de tes... tes vrais parents ?"

 

  Ainsi, le véritable but de ce jeu d'allure innocente était de lui poser des questions personnelles. Il le lui avait dit, Nia pouvait ne pas y répondre mais... Personne ne lui avait jamais posé la question, personne ne s'y était vraiment intéressé. Lorsque ses maîtres l'avait achetée, ils se fichaient éperdument de son histoire, de son passé. Ils s'étaient donc contenter de la désigner parmi une foule d'enfants esclaves, de signer le formulaire avant de payer les instructeurs et de lui choisir un nom, le tout sans sourire ou parole pour la petite. Après tout, elle n'était qu'un animal. Et ce soir, Nia se sentait... Comment dire ? Presque humaine. Pour la première fois, face à ce jeune homme qu'elle ne connaissait guère, elle se sentait importante.

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- "Oui, un peu," dit-elle avant de s'obliger à développer. "Nous... Notre mémoire est mise en place très tôt donc je me souviens d'eux même si... Même si j'étais très jeune quand ils sont... morts. Euh... Pourquoi aimez-vous les vieux meubles provenant de la Terre ?"

   Alexandre lui expliqua qu'il rêvait de voir la Terre de ses propres yeux, planète aujourd'hui habitée par ceux trop pauvres lors de l'Exode et par les bandits de Kimuranne, mais qui pourtant, continuait de le faire rêver.

   Ils parlèrent ainsi une heure, enchaînant les questions plus ou moins intimes. Ces dernières étaient principalement posées par Alexandre car Nia ne parvenait pas à l'imiter. Certes, au fil de la conversation, elle parvint à dire plus de quelques phrases mais elle ne pouvait ou voulait pas demander à Alexandre où il partait souvent ou ce qu'il voulait dire avant de s'interrompre quand il avait abordé le sujet des centres.

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   Vers les coups de 23h, voyant Nia fatiguée, le jeune homme lui proposa de la raccompagner dans sa chambre si elle souhaitait dormir. Elle accepta, à la fois flattée et embarrassée. Une fois devant les deux portes qui menaient aux chambres de Mara, endormie, et de Nia, cette dernière se retourna et s'inclina légèrement.

- "Merci, Alexandre, pour... Pour ce soir... Mais, ne pensez-vous pas que, votre père va...

- Va être furieux ? Sans doute, mais je te jure qu'il ne te fera pas de mal."

   Il du voir la lueur inquiète dans les yeux de la jeune Yloo car il ajouta rapidement :

- "Ce qu'il s'est passé ce soir est entièrement sous ma responsabilité. Et si jamais mon père souhaite te punir d'une façon ou d'une autre... Disons que j'ai en ma possession certains moyens de le faire changer d'avis.

- Merci."

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   Elle s'inclina encore une fois en entra dans sa chambre, le cœur battant, encore abasourdie par cette soirée. Alexandre quant à lui, resta plusieurs minutes dans le couloir, songeur. La soirée ne s'était pas vraiment passée comme prévu. Quelque part, il avait eu beaucoup de chance de rentrer à cet instant ce qui lui avait permis de se rapprocher d'elle plus vite que prévu, mais la suite des événements avait été bien plus différents de ce qu'il ne l'aurait imaginé. Plus difficiles même. Jamais il n'aurait cru que les jeunes Yloos, et Nia en particulier, puissent être tant brisés. Bien sûr, il savait que ce qui se passait dans ces centres était tout simplement abominable mais pas à ce point. Son visage se ferma et il remonta dans sa chambre, se jurant de découvrir ce qu'il s'y passait pour pouvoir enfin stopper tout ça.

•◘•◘•◘•◘•◘•◘•◘•

  Je suis vraiment, vraiment désolée pour le retard... Mais l'histoire ne me convient plus vraiment, dans le sens où j'ai du mal à m'accrocher aux personnages, Naelys mise à part... C'est le problème quand on écrit avec autant espace, mais honnêtement, je n'ai pas envie d'abandonner. Donc promis, juré, craché par terre, je me motive et termine cette fiction cette été ( qui c'est qui va regretter  d'avoir dit çaaa?)

  Sur-ce, poutoux poutoux et merci d'avoir lu!  :* 

 

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